• Le Parrain

    Le Parrain (1 &2 )

    “Soit proche de tes amis mais encore plus de tes ennemis »

     

    Je viens enfin de combler une immense lacune dans ma vie de cinéphile : J'ai enfin vu le Parrain, le chef d'œuvre de Francis Ford Coppola, considéré comme l'un des meilleurs films de l'histoire du cinéma.  Une œuvre tellement complète qu'on oublie qu'elle se compose de trois chapitres. Si les deux premiers volets font l'unanimité, en revanche le troisième, que je n'ai pas encore vu,  est sans doute encore trop récent pour être apprécié à sa juste valeur, aussi je m'abstiendrai d'y faire référence.

     A little less conversation and a little more action

    Au regard de ce que le cinéma a produit depuis ces dernières années, le Parrain peut paraître au premier abord lent, voir ennuyeux. Il est vrai que le style de Coppola est fort éloigné de la « coolitude » à la Tarantino ou du rythme trépidant du cinéma de Hong Kong. Aussi, si on regarde ce monument du cinéma avec en tête des films comme Volte Face, Pulp Fiction ou encore les Affranchis, on ne peut être que déçus. Disons le tout de suite, même si le Parrain comporte ses quelques scènes spectaculaires (la fameuse tête de cheval), l'intérêt du film se porte d'avantage sur la psychologie des personnages que sur la nature de leurs actes. En prenant dès le départ ce parti pris, le réalisateur n'atténue pas le côté malfaisant de ses personnages, au contraire, il accentue en révélant les stratégies, les réflexions qui précèdent chaque acte. Ainsi, les Corleone sont des monstres froids et calculateurs, des êtres qui prennent le temps de planifier des meurtres tout en véhiculant une image des plus respectables. En ce sens, ils sont bien plus criminels que bien des malfrats. Leur éducation, leur religion ou leur amour de la famille devrait les porter à la compassion envers les autres, or il n'en est rien : le visage paternel de Vito, le charisme bouillonnant de Sonny ou encore la loyauté de Tom Hagen cachent en réalité une cruauté raffinée. Il suffit juste de regarder avec quelle froideur Tom Hagen, le frère adoptif, discute bisness devant le corps ensanglanté d'une prostituée pour  mesurer la détermination froide et impitoyable de la famille.  Ce contraste entre l'apparente respectabilité des Corleone et leur nature sombre est soulignée par un habile jeu de lumière. Les premières scènes des deux films, sont des fêtes familiales, baignant dans des douces couleurs pastel comme pour souligner la mélancolie envers une innocence  perdue. Ensuite, au fur et à mesure qu'on plonge dans les activités mafieuses de la famille, le film prend une teinte plus sombre, les personnages sont engouffrés dans une obscurité menaçante qui dissimule leur regard et par conséquent leurs pensées. Tapis dans l'ombre, comme des fauves attendant patiemment le moment du repas, Les Corleone apparaissent comme des redoutables prédateurs aux yeux de leurs interlocuteurs.

    La valse des pantins :

     

     On a souvent reproché à Coppola d'avoir réalisé un film de gangsters « glamours » en décrivant ses maffieux comme des aristocrates du crime et non comme des brutes minables.  Les détracteurs de Coppola ont peut être raison, mais on peut se demander si le parrain est vraiment un film de maffieux. . En effet,  le syndicat du crime  est avant tout un prétexte, pour montrer la chute d'une famille, rongée par la quête  du pouvoir, la haine et d'autres passions, un mélange que le Grand Racine n'aurait pas renié. Comme dans une véritable tragédie grecque ou un drame shakespearien, les personnages apparaissent comme des pantins sur lesquels pèse une lourde fatalité. D'ailleurs, l'affiche du film est plus qu'explicite : quoique fassent les Corleone, ils ne sont que des marionnettes sacrifiés au profit d'un idéal qui les dépasse. Ainsi Michaël, le plus terrible d'entre tous est pourtant celui qui a le plus perdu, il est sans doute plus puissant que ne l'a été son père, mais, comme en témoigne la dernière image du film, c'est un roi seul, honni de tous qui a depuis belle lurette perdu ses rêves de jeunesse.

     .

     Outre une histoire de famille, le Parrain est une vision pessimiste du rêve américain, un détournement du fameux mythe du self made man. Ce n'est pas en travaillant dur et honnêtement que le jeune Vito accède à la réussite, mais en faisant appel à la violence et la corruption. Tout comme Fitzgerald dans Gatsby le magnifique, œuvre dont il a développé le scénario, Coppola ne se fait aucune illusion sur la nature de la réussite au pays de l'oncle Sam, les beaux costumes et la respectabilité de façade ne parviennent pas à masquer la pourriture morale. Et curieusement, le plus implacable des frères Corleone, est celui qui pourtant a le mieux réussit à s'intégrer dans la société américaine : Michaël a fait de brillantes études dans une université prestigieuse, il a reçu une médaille lors de WW2 pour services rendus à la nation et finit par épouser une véritable WASP. Michaël Corleone n'est pas un marginal, mais un pur produit du système.

     La Foire aux monstres.

     Le succès du parrain réside également dans  son casting quasiment parfait : Brando, Pacino, De Niro, Caan, Duvall, Cazale, Tallia Shire (Adrieennnnne !), Diane Keaton, Lee Strasberg.et d'autres noms moins illustres mais non moins talentueux. Si aujourd'hui, la distribution nous parait évidente, à l'époque Coppola, dut se battre comme un lion pour imposer Brando et Pacino. Le premier était jugé has been et le second never been. Brando, dont les caprices sont devenus légendaires, n'était plus en odeur de sainteté dans les studios, sans compter qu'il était bien trop jeune (47 ans !)  pour incarner le patriarche Vito Corleone . Pacino était un jeune acteur inconnu, dont le physique peu engageant ne plaidait pas en sa faveur. La Paramount envisageait plutôt Redford ( !), Warren Beatty ( !!) voire Dustin Hoffmann pour tenir le rôle de Michael Corleone.

    Depuis, l'interprétation de Brando est devenu culte, Pacino et De Niro sont devenus les monstres que l'on connaît. D'ailleurs, revoir le parrain permet de juger à quel point ces deux acteurs peuvent être fantastiques quand ils sont bien dirigés ! Au vu de leurs dernières prestations (par respect pour eux, on n'en citera aucun.), on avait vraiment tendance à l'oublier.

     Pour terminer, le Parrain c'est aussi le fameux thème musical composé par Nino Rota et des répliques cultes dont la célèbre : « proposition qu'on ne peut pas refuser » 

     Tchuss !


  • Commentaires

    1
    createur
    Samedi 17 Septembre 2005 à 19:18
    Brando, Paccino et De Niro
    Paccino avait-il deja tourne pour SERPICO, si tel est le cas alors il avait deja fait quelque chose... De Niro avait deja fait "mean streets" et "taxi driver" mais avait-il deja fait "voyage au bout de l'enfer" ou un acteur est commun au deux films (le parrain et voyage...) lequel ? Aller, un indice: il meurt dans le second volet ce qui finira d'enlever a Michael toute condescendance.... Car au fond je pense que Michael est une victime, il a fait un test, est revenu en sicile, puis a ete victime de son passe qui l'a fait replonger de facon definitive, lui qui etait sur le point de changer de vie... Tout ca m'amene a 2 phrases dont tu es friande spike: toute consequence a une cause, pour remedier a la premiere il faut s'attaquer a la seconde; et puis: tout a un prix, si vous voulez quelque chose demandez vous d'abord si vous etes pret a en payer le prix. Ceci dit Warren Baetty a bien fait "bugsy"...
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